Dans ce contexte de crise, les Français privilégient les produits de première nécessité au détriment de produits labellisés. Vont-ils s’en détourner durablement ?
À chaque crise correspond un phénomène de panique qui pousse les consommateurs à stocker de la nourriture de base : pâtes, farine, œufs, riz et explosion des ventes de conserves et de produits surgelés salés.
Si le label rouge ou l’AOC se vendent moins c’est parce que le circuit classique qui leur correspond est mis à mal par les mesures de confinement.
Le mode de consommation en confinement est très contraint. L’offre est devenue inadaptée pour certains produits, habituellement, 20 % de l’alimentation concerne les repas à l’extérieur, les repas exceptionnels, festifs.
Après le confinement, selon Pascale Hébel du CREDOC, les gammes vont se simplifier pour optimiser la gestion des rayons et l’offre numérique. La très forte hausse du drive implique une simplification en se resserrant sur les produits les plus consommés pour être cohérent avec une efficacité de la chaîne de production.
Les hypermarchés s’effondrent. On va dans les supermarchés de proximité. Les circuits courts comme La Ruche qui dit oui ! explosent.
Depuis des années, on voyait monter la préoccupation pour le local, cette crise va la renforcer. Tous ceux qui sont organisés pour faire de la vente directe ne pourront pas répondre à la demande dans les semaines qui viennent.
Durant ces deux mois de confinement, on nous a dit en boucle que « déléguer notre alimentation (…) est une folie » (Emmanuel Macron – 12 mars 2020)
Les consommateurs se disent qu’il vaudrait mieux un modèle où l’on produise plus en local, avec des chaînes de production courtes et relocalisée. Pascale Hébel pense « que le local va prendre le pas sur le bio en 2020. Je ne suis pas sûre que les produits bio connaissent cette année une hausse aussi forte que les années passées. »
Une partie des consommateurs feront l’effort d’acheter français même si c’est plus cher, pour soutenir les producteurs français, mais également pour penser à la planète, au développement durable et à leur santé personnelle. Mais certains auront moins de moyens pour sortir de la production de masse, souvent importée.
(Source : Réussir – 16 avril 2020)