L’Inrae, en collaboration avec le Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE), le Groupe de Physique des Matériaux (CNRS/INSA Rouen/Université de Rouen Normandie), le CHU de Toulouse, l’Université de Picardie Jules-Verne et l’École nationale vétérinaire de Toulouse, viennent d’apporter la preuve que des nanoparticules de dioxyde de titane présentes dans l’additif E171 peuvent traverser le placenta et atteindre l’environnement fœtal.
Les chercheurs ont collecté 22 placentas de mères volontaires et ont dosé le contenu total en titane accumulé dans cet organe lors de la grossesse. Ces dosages, couplés aux analyses microscopiques et chimiques montrent une accumulation de dioxyde de titane dans le placenta, la majorité sous forme de nanoparticules. Les mères étaient donc exposées à cette substance lors de leur grossesse.
En parallèle, pour déterminer si l’alimentation pouvait être une source de contamination, les chercheurs ont perfusé les placentas avec du E171 du côté maternel. Ils ont ensuite dosé le titane du côté fœtal du placenta, puis ils ont observé si des particules s’y retrouvaient. Leur résultat est sans appel : des nanoparticules de dioxyde de titane de l’additif E171 passent du compartiment maternel au compartiment fœtal.
Les chercheurs se sont également intéressés à l’exposition du nouveau-né au dioxyde de titane pendant son développement in utero. Pour cela, ils ont réalisé les mêmes analyses que pour les placentas sur des échantillons de méconium, ces premières selles du nouveau-né étant un excellent témoin de son exposition aux substances chimiques au cours de la grossesse. Encore une fois, leur résultat est net : des nanoparticules de dioxyde de titane sont retrouvées dans le méconium, signe que l’organisme fœtal a été exposé à cette substance apportée par le sang maternel.
Ces nouvelles données sur organes et tissus humains montrent pour la première fois une exposition prénatale chez l’homme aux nanoparticules de dioxyde de titane. Grâce au modèle de placenta humain isolé et perfusé au E171, les chercheurs démontrent donc que le dioxyde de titane consommé avec les aliments pendant la grossesse passe sous forme de nanoparticules dans le placenta et peut contaminer le fœtus.
Ces résultats sont parus le 7 octobre dans la revue Particle and Fibre Toxicology.